Au fil des projections et des échanges suscités par le film, nous avons échangé avec nos partenaires invités, des dizaines de spectateur·ices, d’associations et entreprises participant·es aux séances. Voici quelques idées fortes, qui ont émergé, à débattre, bien sûr, et à tester !

Le besoin de « roles modeles » pour s’insprier et oser changer. Ce qui frappe beaucoup de spectateurs·ices, c’est le courage d’Esther Mottier qui inspire un grand nombre de personnes. Changer de modèle économique et de références demande de pouvoir s’inspirer de personnes en train de faire ces changements concrètement pour comprendre qu’ils sont pensables et possibles.

Un autre type de leadership est fondamental pour mener les transformations qui nous attendent. Tourner toute son organisation vers la durabilité –et non le profit uniquement- demande des ajustements profonds. On ne conduit pas ces changements sans écouter ses émotions, en écoutant ses équipes, voire en implémentant un management holistique & horizontal. Car pour sortir de la rentabilité, l’efficacité et la compétition, il faut de l’imagination de la créativité et toutes les forces sont nécessaires pour améliorer son modèle ou imaginer autre chose. C’est qu’expliquait Sofia de Meyer lors de notre projection à Sion, et qu’elle a développé sur son blog dans Le Temps. Mais l’intelligence collective, la gouvernance partagée ou l’organisation circulaire ne vont pas de soi : ils demandent un grand travail de formation.

-Des changements sociétaux majeurs demandent une transformation intérieure. Changer de références, de manière de consommer, d’acheter, demande un retour sur soi et un retour en soi. C’est la conversation que nous avons eue avec Nathalie Bino de Zero Waste Switzerland et Antoine André de Morges et Région en Transition qui l’a mis en lumière. Sans ce travail intérieur, changer d’habitudes est trop complexe peut manquer de sens. Ce travail doit évidemment être mené par les dirigeant.es mais, in fine, nous sommes toutes et tous concerné·es. Il s’agit d’abandonner certaines références et d’en construire d’autres.

-Accepter que les changements profonds demandent du temps. Un temps nécessaire pour la transition intérieure, bien sûr. Mais aussi un temps pour pouvoir expérimenter collectivement d’autres modèles. Le riche échange à Genève avec Caroline Lejeune (Fondation Zoein) et Carmen Fankhauser (B-Lab Switzerland) a souligné combien l’expérimentation demande une élaboration collective pour pouvoir aboutir. Les changements radicaux ne se font pas du jour aux lendemains, mais se construisent petit à petit sur un territoire.

-Mesurer le changement pour le rendre crédible. Changer de consommation énergétique, réduire sa production agricole mais la vendre plus cher, permettre aux enfants des salariés d’être accueillis et scolarisés sur le lieu de travail c’est bien, mais pour faire comprendre et accepter que ces mutations sont réellement efficaces en termes de bien-être, il faut les mesurer et les rendre tangibles.

-Changer d’indicateurs sur la durabilité : les évolutions économiques et sociales doivent être mesurables. Mais Le surplus de bien-être, de spiritualité, de liens qui obtenus grâce à la transition doivent pouvoir être comprises, donc mesurés, aussi.

-Comprendre l’histoire des territoires. Pour envisager des transformations écologiques futures, il faut comprendre comment un territoire s’est construit et a été aménagé à travers l’histoire. Le futur se construit avec le passé. L’écologie demande de l’intergénérationnel pour être efficace, et pour que les innovations s’inscrivent dans une continuité !

-Les liens sont essentiels pour nous faire changer. Pour changer d’alimentation mais aussi produire mieux, il est essentiel d’approfondir nos relations : se reconnecter au vivant, écouter ses producteur·ices, rencontrer ses consommateur·ices, etc. Nous sommes juste au début des possibilités d’échanges !-Le besoin de nouveaux termes. C’est à Sainte-Croix que le sujet a été soulevé : le mot ‘touriste’, par exemple, ne suffit plus pour exprimer les besoins et les attentes autour de nos moments de détente. Il est, pour certain·es, trop associé aux  pratiques d’une industrie qui a transformé nos moments de loisirs en pratiques de prédation. Alors comment faire ? Inventer un nouveau lexique autour de l’expérience, du repos, de la découverte. Tout est ouvert !