Erwin Stucki, ingénieur agronome et modérateur du débat qui a suivi la projection du documentaire à Cronay (VD), a rédigé le texte suivant, paru dans La Région Nord vaudois le 14 avril 2022.

La projection du documentaire Le Pari d’Esther de Camille Andres le 5 avril à Cronay a réuni 150 participants, en présence de Esther et Nicolas Mottier, principaux acteurs du film. Plusieurs producteurs du Nord vaudois et des artisans du goût ont dialogué avec les consom’acteurs et paroissiens concernés par la transition. 

Ce documentaire et le témoignage en direct d’une paysanne passionnée et d’un producteur engagé de chez nous, questionnent nos valeurs. Par l’authenticité des témoignages et la qualité de l’image, ce film ne laisse personne indifférent. Le Pari d’Esther met en scène les défis à relever pour la transition indispensable vers des modes de vie en harmonie avec la nature. Les arcanes rencontrés par le projet liant nature-vaches-touristes-managers stressés dans les méandres des 21 services administratifs de notre canton pour décrocher un permis de construire, illustrent la difficulté de notre société à faciliter la réalisation de projets innovants ! Réconcilier la nature et les activités humaines paraît être une opération bien difficile !

Le documentaire questionne notre perception des représentations de l’exploitation-entreprise agricole, l’accès à la terre et aux activités nourricière pour le quidam (95% de la population). Les aspects juridiques et de financement liés au projet extraordinaire d’Esther, ont été évoqués. Les participants ont entendu le mal être d’un producteur de lait, les interrogations d’un paysan souhaitant s’engager dans le social, les aléas des marchés de niche pour des productions de grande qualité. Le bonheur de tracer son propre chemin, dans la sobriété, en contrepoint des tentations du « bonheur » lié à la croissance économique (la religion de notre temps !) ont été partagé avec l’assistance. 

Marie Cénec, pasteure, engagée dans le cadre de Terre Nouvelle, œuvre d’entraide et d’échanges des Eglises réformées, a évoqué l’engagement de l’EERV dans le domaine de la Transition écologique et sociale. Nadia Mettraux, directrice générale de l’Association pour le développement du Nord vaudois (ADNV), a fait état des intentions de cette faîtière de concrétiser un partenariat avec les milieux de la production et de la transformation agro-alimentaire dans le Nord vaudois.

Esther et Nicolas sont des ambassadeurs et les acteurs emblématiques de ceux qui pensent que le changement s’opère d’abord dans les esprits, avant de se concrétiser dans nos actions, individuelles ou collectives. Nul doute que leur passion de partager et d’allier les valeurs paysannes ancestrales avec le monde citadin, toutes générations confondues, continuera à bousculer le Pays-d’Enhaut, nos villes et nos campagnes.

Eléments d’une charte du consom-acteur de la transition économique, écologique et sociale

  • Je m’intéresse à l’agriculture et aux artisans du goût de nos villages
  • Je connais les produits issus de l’agriculture durable locale et je les valorise
  • Je soutiens les activités paysannes durables de nos villages
  • Je fais découvrir les actions des paysans et artisans du goût de nos villages 
  • Je participe à la transition par mon comportement de consom-acteurs.

(Inspiré de la charte des Ambassadeurs du Grand Entremont, VS) 

Pour le groupe local, Paroisse Pomy-Gressy-Suchy

Erwin Stucki, ing.-agr. EPFZ, modérateur